Vendredi 22 mars

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: vendredi, mars 22, 2024 Hit: 21

Endormi une fois de plus autour de 3h et réveillé à 9h, avant que le téléphone ne sonne. La fatigue commence à se faire ressentir. Je ne parviens pas à me recaler dans un rythme diurne. A la mairie pour le renouvellement de ma carte d’identité. J’ai eu beaucoup de chances pour les délais et devrais éviter la suspension de mon compte sur un site de vente. J’emballe mes colis, plus nombreux aujourd’hui, avec une commande importante qui s’envole vers la Norvège, les livres de Jean-Luc Nancy que m’a confié PM. Je saisis ensuite quelques livres en stock. Ma semaine de travail fut bien remplie, j’en tire une certaine satisfaction. Après mon passage à la poste, je roule vers B sous un soleil radieux de printemps. JCB m’attend dans son jardin, avec EB son épouse, qui s’occupe d’une plante en pot. La maison est belle, sur cour, distribuant diverses pièces et gîtes que le couple loue à la belle saison uniquement. Je transmets les sacs imprimés de l’association à JCB, il les distribuera aux collègues sur les marchés. Il me montre les pièces dont les murs sont tapissés de livres, de cartons. Dans la grange, un bon millier de caisses sont montés en piles. Nous buvons un café ensemble, en causant tranquillement du métier, de la manifestation de R qui aura lieu en septembre, et pour laquelle JCB, avec ses relations à la mairie, pourrait donner un précieux coup de main. EB participe aux échanges. Le vieux couple s’envoie quelques remarques de temps en temps, mais tranquillement, sans réel animosité. EB est excédée par l’accumulation de livres, mais aussi d’objets, de tableaux de son mari. Et JCB continue d’acheter malgré le stock gigantesque qui remplit cette grande demeure de vignerons. En partant, JCB, comme s’il s’excusait, me confie mollement « C’est comme ça, que veux-tu ? C’est maladif » et il répète « c’est maladif, je ne peux pas m’empêcher ». Je file à C rejoindre PM. Je lui paye sa part des ventes. Nous parlons encore de l’association, du métier. Je passe retrouver A et N dans leur librairie. La conversation est plaisante et je peux enfin parler du contenu des livres et non de la manière de les vendre. Nous convenons de prendre un apéro plus tard dans la saison, à la fermeture de leur librairie. A, gentiment me donne des cartons d’emballage. Je repars avec des livres, dont les livres de BG que je n’avais pas lus. C’était un vrai après-midi de printemps, léger et doux, riche de rencontres au dehors. De mémoire, je n’avais jamais eu de relations aussi équilibrées avec mes semblables, et même aux origines, dans le bonheur de mon enfance. Des nouvelles rassurantes parviennent de l’autre bout du pays, les choses pourraient s’apaiser pour C et sa famille. La transplantation du foie de A s’est bien passé, il en est sorti vivant, dit-elle. Après quelques courses, je rentre, travaille encore un peu, mais la fatigue se fait ressentir. Je m’arrête plus tôt que d’habitude.