La solitude s’épaissit aujourd’hui après un passage à C hier, où je suis allé voir A et N et la librairie, RM chez lui. Nous nous sommes entretenus deux heures, avant que je ne reparte dans la nuit dense.
Je me réveille avant 9h, traîne un peu au lit. Les chiens sont absents, J les a récupérés vendredi. J’attends l’électricien vers 11h. Je le guette à la fenêtre après avoir édité mes commandes. Je n’ose pas m’occuper à autre chose, puisque la sonnette ne fonctionne plus. M. S ne sera pas trop en retard, interrompant mon ennui. Il établit le devis rapidement, en professionnel expérimenté, m’interroge sur mon métier. Il m’indique comment il tente « d’introduire » la lecture chez son fils de 6 ans, par la lecture de bande dessinées. J’achève mes colis rapidement après son départ, mais ne passerai pas les envoyer ce jour, j’attendrai demain. Je suis pris de fatigue, m’allonge avec l’intention de lire pour m’endormir profondément, au point de partir dans des rêves étranges. L’ennui assomme, certainement. A mon réveil, je continue la biographie de Walter Benjamin, toujours difficile à saisir, mais qui me transporte. L’auteur Bruno Tackels écrit bien, quoique peut-être par trop exagérément dans la fascination pour l’intellectuel. Sans motivation, je me remets à la saisie de stock. J’étais allé chercher des livres au dépôt mercredi dernier. Le lot de bande-dessinées touche à sa fin, il ne me reste que quelques prix à indiquer sur les albums à classer. Ils traînent encore sur la table de la salle de séjour. Je crains qu’ils n’y restent jusqu’aux fêtes , puisque c’est le moment que je me suis donné en perspective pour effectuer des rangements.
Toujours avec la mauvaise saison survient le bonheur du silence et de la nuit, auxquels se mélangent la peine et la lassitude. Je me réfugie dans la lecture, pour ne pas dire l’étude de moi-même. Les manquements occultent les beaux jours, aussi noirs que les fenêtres quand je regarde au dehors. Pourtant, j’apprécie ces moments où la mélancolie se répand autour de moi comme un bain tiède, traverse la porosité de la peau. Seuls les livres peuvent m’être secourables, leur forme, leur mouvement, leur idée, leur être. Ils m’attachent à l’autre, à l’ailleurs, me prémunissent de dériver franchement, m’accompagnent dans des voies d’identification ou d’affirmation, pénètrent ma peau comme la mélancolie elle-même, suffisamment douce pour ne pas verser radicalement dans des motifs destructeurs. Je me tiens en limite, plusieurs semaines durant, jusque’à l’écoeurement, jusqu’à ce que le printemps me sauve. Car il n’y a pas que les mots que je lis, mais ceux aussi que je trace. L’écriture qui parle de toute cette vie qui passe.