Mercredi 22 octobre 2025

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mercredi, octobre 22, 2025 Hit: 5

Je me réveille, cerné par les chiens, blottis contre moi, A à ma droite, M à ma gauche. J’ai passé une nuit curieuse, entrecoupée de réveils, de rêves, dont l’un dans lequel je rentrais de vacances. Hier, je m’étais levé plus tôt pour accueillir M. P, qui est reparti avec la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel et un exemplaire des Fleurs du Mal de chez Bonot. M. P tenait à visiter mon entrepôt, mais il ne savait pas où donner de la tête. Je me suis trouvé pris de fatigue dans l’après-midi et j’ai dormi plus d’une heure, incapable de ne plus rien me proposer d’accomplir. Aujourd’hui, je me sens mieux. Je plonge au sous-sol, après une courte promenade, pour m’acquitter de la tâche de colis. Les ventes, hier, étaient reparties brièvement à la hausse. Je suis à 14h15 à la poste. Je sais des bande-dessinées en stock, Prince Valiant. Nous repartons pour une promenade sous la pluie, de laquelle nous rentrons trempés. Les chiens courent dans tous les sens, conséquence habituelle de ce temps, des retours de balades humides. Je règle encore des correspondances avec des clients, puis appelle E et mes parents, plus que jamais inquiets par le sort de leur dernière fille. Nous repartons en promenade, au moment où la pluie se remet à tomber. Nous croisons madame E, qui m’avait acheté quelques livres pour enfants, en me découvrant par internet. Elle m’accompagne pour quelques pas et nous glosons sur l’état du monde, ses changements. Madame E me parle de sa vie, parfois, de ses voyages, de ses enfants. Elle se sent d’un autre temps. Elle me quittera alors que nous tombons sur M et sa maitresse, avec qui je parle aussi de temps en temps, au hasard d’une rencontre. De retour, j’entreprends la comptabilité du troisième trimestre, que je terminerai après le dîner. Elle me laisse plutôt satisfait, au-delà de mes craintes. Les fins de mois restent difficiles, pourtant je ne me laisse pas vaincre par la morosité, pas comme hier, ou d’autres jours récents. Parfois, je me dis qu’il ne faudrait plus rien attendre pour supporter cette vie, mais alors tout prendrait une saveur fade, insipide. Ces moments un peu désespérés indiquent qu’il demeure de l’attente.