Mardi 24 septembre

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mardi, septembre 24, 2024 Hit: 15
Encore une nuit agitée, dont je me réveille sonné. M se presse contre moi, s’étire, pose sa tête sur la couverture qui couvre ma cuisse. En buvant mon premier café, je réponds à un potentiel client chinois, qui m’écrit en anglais. Au sous-sol ensuite pour empaqueter quatre livres. Je dépose les colis avant midi. R, la guichetière de la poste, avenante et sympathique, se plaint de sa direction, comme de coutume, mais je l’écoute de bonne grâce. J’entreprends ensuite de m’occuper du salon de M. Alors que j’appelle GO, secrétaire de la société d’histoire, ce dernier ne peut cacher son agacement de tant de retard dans la communication de l’événement. Je m’excuse platement. On ne peut nier des retards d’organisation pour les différentes dates cette année, quelques manqués, mais je suis plutôt novice dans les démarches, l’apprentissage des outils de communication, les relations aux communes, novice et esseulé, malgré l’aide précieuse de VBL et les services ponctuels de quelques autres. Je passe un bon moment sur ces questions fastidieuses, c’est donc un délassement de passer à la saisie de stock en écoutant la suite de l’émission sur Alexandre Grothendieck. Cet homme a embrassé toutes les identités importantes de la deuxième moitié du XXe siècle. Personnage fascinant, génial, atypique, extraordinaire travailleur, son nom n’est pas arrivé encore au langage du grand public, mais je ne serais pas étonné qu’un jour, tel soit le cas. Il fit même un passage, pas loin d’ici, à N, en tant que doctorant. L’émission, la force intellectuelle que l’on pressent venir de lui à partir de simples témoignages affadira même ma lecture, plus tard, du livre de Pierre Adrian et son évocation de Cesare Pavese, qui m’apparaît bien pâle. Comme hier, pourtant, attaché par cette autre figure, dissemblable, Pavese viendra me visiter dans les quelques rêves répétitifs de mon somme léger de fin d’après-midi. Puis M me conduit au pré, derrière les lotissements. Nous croisons des voisins, bavardons gentiment, alors que le soleil a percé les nuages grisâtres. Je poursuis mon travail sur le stock, accompagné de l’émission sur Grothendieck, jusqu’au milieu de soirée. 
Ce matin aussi, pour son anniversaire, j’ai échangé quelques messages avec C, amour de ma jeunesse. Cette vie révolue semble une autre.