Les chiens sont allongés de part et d’autre de moi lorsque je me réveille à 8h30. Ils ont plongé sous la couverture, m’apporte leur chaleur. Je traite mes commandes, envoie quelques messages avant de sortir avec eux pour un tour de quartier. Les colis, peu nombreux, partent avant 11h30. Je vide la camionnette des invendus de la foire de B pour laisser place au frigo, qui a quitté le sous-sol et que j’ai remplacé par une étagère. Les livres colonisent la maison, plus aucune pièce disponible sans en trouver, à part peut-être la salle de bains et la cuisine. La cave en regorge. Je ne sais pas comment je parviendrai à développer mon stock à l’avenir, à part en construisant une extension. Le moyen de dégager le superflu rencontre ses limites. Après une courte promenade avec les chiens, je roule vers C déposer le frigo dans une association caritative. Au magasin ensuite pour lui dégoter un remplaçant, qui remplacera le moribond de la cuisine. Mon choix me satisfait, après une bonne heure à comparer les produits. J’irai le chercher vendredi, ou plus probablement samedi, après le festival de C. De retour, nous partons les chiens et moi marcher dans le jour finissant. M nous guide par le centre. La lumière rase le sol, porte loin nos ombres. Je saisis un lot de bande-dessinées, les oeuvres de Jijé cette fois. J’ai juste le temps de terminer avant la réunion du bureau de l’association, en visio, qui me plonge dans la morosité. Je pense à P, qui ne participera pas au salon de C l’année prochaine, puisqu’il s’envolera pour Taïwan. Il estime qu’il a peu à dire à ces gens, qu’il ne sent pas à sa place. La plupart du temps, je ressens aussi cette imposture, vis-vis de moi-même, depuis que JAC m’avait demandé de rejoindre le bureau de l’association. Toutefois, je ne comprends pas ce qui me pousse à continuer, peut-être une forme de faiblesse, voire de lâcheté. Ce type de relations professionnelles inadéquates m’interrogent davantage sur ma position dans la vie, que je ne juge mal l’inévitable envie, dissimulée sous les sourires, la concurrence et ses travers, inhérentes à notre activité. Ma place ne me semble pas juste. Le mauvais sentiment de la réunion me poursuivra jusque dans la soirée, alors que j’entreprends un autre lot à saisir, rattrapant celui que je n’avais pas saisi, en raison de mon escapade à P.
Continuerai-je à laisser passer le cour du temps sans prendre une décision forte ? La dernière date peut-être de 2017, quand j’ai décidé de m’installer ici. En m’installant ici, j’avais ce vague projet de me laisser aller aux jours se jouant de moi jusqu’à ce que mort s’en suive.