Je me lève en milieu de matinée. Après la promenade avec M et A, je descends au sous-sol à contre-coeur pour emballer mes colis. Les ventes ont plutôt été bonnes durant le week-end, grâce à une promotion, ce qui me permettra de payer mes charges en temps et en heure à la fin du mois. Il ne me reste que quelques jours pour établir ma comptabilité du troisième trimestre. A la cave, le temps paraît long, je réécoute le dernier album de Bertrand Belin qui accompagne la mécanique des gestes. Je serai à la poste avant 16h, au relais colis ensuite et passe prendre RDV au garage pour de nouveaux frais sur le véhicule. JN me parle de ses relations compliquées avec son amie. De retour à la maison, je m’allonge avec les chiens, plutôt calmes en ce jour pluvieux, pour lire le cours de Gilles Deleuze Sur les lignes de vie. Il y revient notamment sur L’Anti-Oedipe, en insistant sur le fait que, selon lui et Félix Guattari, l’idée la plus importante du livre était que le délire ne se forme pas à partir de « papa, maman », « on délire le monde » disent-ils, « Le délire est historico-mondial ». Cette thèse m’a beaucoup marqué depuis plusieurs mois que je m’intéresse à G. Deleuze. S’en suit le développement de la « schizo-analyse », basée sur ce qu’ils appellent des lignes de fuite, des processus créatifs. Si G. Deleuze ne refuse pas que la schizophrénie puisse être une maladie, une ligne de fuite, dit-il, qui peut tourner en ligne de mort, il me semble malgré tout que le philosophe passe complètement outre la souffrance mortelle qu’engage une telle maladie. Et les critiques de la psychanalyse et de la psychiatrie restent parfois un peu caricaturales, surtout après lu, juste avant, le dernier livre d’Emmanuel Venet et un livre de Jacques Hochmann, intitulé Introduction à une psychiatrie narrative. Malgré moi, j’ai baigné dans les questions de folie ces derniers temps. Nous devons être fidèles à nos obsessions, disait JMR. La lecture du livre, la fatigue m’emporte dans une somnolence douce, alors que j’entends les chiens respirer contre moi. Nous repartons en balade par l’allée des marronniers, jonchée de feuilles rousses et jaunes, le centre du village. De retour, nous dînons en nous surveillant tous les trois. Je peux alors me remettre à la saisie de stock, sur laquelle j’avais fait l’impasse samedi. J’étais tellement las et j’avais passé la soirée avec N et A, R, L et JL. Le petit cercle de C s’agrandit.